Conception, développement et introduction d'une innovation technologique radicale, c'est-à-dire d'une technologie profondément différente des technologies dominantes précédentes (Tushman & Anderson, 1986). La rupture technologique peut bouleverser les usages et les marchés : de nouveaux marchés se créent autour d'un produit inédit, en marge de marchés existants ; de nouveaux usages émergent ; des acteurs économiques disparaissent pendant que d'autres voient le jour ou se développent (aux premiers rangs desquels ceux qui sont à l'origine de la technologie de rupture ou qui ont su en tirer parti).
On distingue parfois les ruptures technologiques des révolutions technologiques. Le propre d'une rupture technologique est de bouleverser un marché préétabli et de prendre le pas sur une technologie existante (souvent en plusieurs temps, d'abord en créant un marché de niche puis en conquérant le marché dominant). La révolution technologique n'a pas d'effet sur les marchés en place et les technologies existantes, du moins dans un premier temps. De fait, la révolution technologique crée un espace de marché totalement inattendu, en apportant une solution fondamentalement nouvelle à un problème ou à un besoin. Le développement du marché correspondant peut s'étaler sur une longue période.
Ainsi, l'introduction du papier (en remplacement du parchemin), de la photographie numérique (en remplacement de la photographie argentique), de la téléphonie (en remplacement de la télégraphie) ou des écrans plans (en remplacement des écrans à tube cathodique) constituent des ruptures technologiques : elles ont rapidement marginalisé les technologies qui les précédaient.
L'invention de l'automobile, au contraire, constitue une révolution technologique : son effet sur les marchés du transport ne s'est fait sentir qu'après plusieurs décennies, les premières automobiles étant des produits de luxe, à faible diffusion. De même, l'invention de l'écriture et celle de l'agriculture sont des révolutions technologiques.
Référence : M. L. Tushman and P. Anderson, "Technological discontinuties and organizational environments", Administrative Science Quarterly, 31 (1986), 439-65.